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Groupe des employeurs, 14ème session de la Conférence internationale du Travail, 1930 Groupe des employeurs, 14ème session de la Conférence internationale du Travail, 1930

La première révolution industrielle a transformé l'industrie manufacturière de la fin du XVIIIème siècle en remodelant profondément le monde du travail dans le monde occidental. Ce changement a entraîné un abandon du travail décentralisé au profit d'usines et de fabriques employant un grand nombre de travailleurs. Alors que la productivité augmentait considérablement et que le niveau de vie des gens s'améliorait, les nouvelles conditions de travail créaient des risques pour la santé et une insécurité de l'emploi.

À la fin du siècle, la revendication de conditions de travail définies a été complétée par des questions liées à l'assurance sociale.

Cette triple interaction entre les législateurs, les travailleurs et les employeurs à un niveau bien supérieur à celui de l'entreprise individuelle a clairement appelé à des organisations structurées pour les travailleurs et les employeurs.

Employers' Group First International Labour Conference
Premières étapes avant la Première Guerre mondiale

L'évolution vers des associations d'employeurs officielles au niveau national était bien engagée, bien qu'elle ne soit pas encore terminée au début du XXème siècle. Toutefois, ce n'était qu'une question de temps avant que l'on ne réfléchisse à une coordination internationale des intérêts des employeurs. Une première tentative a été faite à l'occasion d'une exposition internationale organisée à Turin en 1911.

1911

Un avocat italien du nom de Gino Olivetti, décida d'organiser un congrès en marge de cette foire commerciale, réunissant des représentants des employeurs d'Autriche, de Belgique, de France, du Royaume-Uni et de Suède aux côtés de leurs homologues italiens.

Olivetti fut l'un des pères fondateurs de Confindustria, l'association nationale italienne des employeurs, et il en a été le premier Secrétaire général de 1910 à 1934. Il a également été l'un des premiers membres employeurs du Conseil d'administration du BIT. Pendant son mandat de membre du Conseil d'administration du BIT de 1923 à 1935, il a déclaré son engagement à l'organisation de la manière suivante : « L’OIT, dont le développement peut sembler aux uns trop lent, aux autres trop rapide, a constamment voulu devenir le centre moteur de la politique sociale du monde entier. »

Gino Olivetti (Italie) avocat et Secrétaire de la Confédération de l'industrie italienne. Il fut à l’origine de l'organisation de la première réunion des employeurs à Turin en 1911.
Gino Olivetti (Italie) avocat et Secrétaire de la Confédération de l'industrie italienne.
Il fut à l’origine de l'organisation de la première réunion des employeurs à Turin en 1911.

L'objectif était de faire le point sur l'état des relations entre employeurs et travailleurs et sur la position des employeurs vis-à-vis de la législation sociale et du travail.

L'effort exigé de la société pendant la Première Guerre mondiale, principalement en ce qui concerne la production en temps de guerre, a créé des liens entre employeurs et travailleurs qui auraient été inconcevables quelques années plus tôt et a incité les gouvernements à élaborer un système international novateur pour la paix industrielle de l'après-guerre, pour lequel les trois principaux acteurs définiraient conjointement le cadre et les détails de la politique sociale.

Cette réunion devait se dérouler dans le cadre du forum de l'Organisation internationale du Travail (OIT), composé de délégations d'employeurs, de travailleurs et de représentants des gouvernements des pays membres. Bien que largement absents des négociations de paix de Versailles et quelque peu surpris par la notion de gouvernance tripartite, les employeurs se sont néanmoins réunis lors de la première session de la Conférence internationale du Travail (CIT) à Washington en octobre 1919.

1919

Groupe des employeurs, 1ère Conférence internationale du Travail, Washington DC, 1920
Groupe des employeurs, 1ère Conférence internationale du Travail, Washington DC, 1920

DES CITATIONS DU PASSÉ

« Il n’a jamais douté malgré certaines oppositions qui, pour des raisons majeures, ont dû se produire du côté patronal, que les patrons ne fussent entièrement dévoués au but même de l’activité du Bureau international du Travail : la paix sociale »

Hans Christian Oersted, Président du Comité exécutif de l'OIEI de 1929 à 1949, s'exprimant lors des obsèques du premier Directeur général du BIT, Albert Thomas.
Hans Christian Oersted
S’organiser

Les employeurs ont été frappés par le niveau d'organisation atteint par les syndicats, grâce à leur expérience des conférences et associations internationales remontant à de nombreuses années. Les employeurs étaient en revanche mal préparés et conscients de leurs lacunes face à cette nouvelle situation. Certaines des idées et des projets développés au congrès de Turin ont été dépoussiérés et il a été décidé de créer un organe chargé d'apporter un soutien aux employeurs dans le cadre des conférences de l'OIT.

Jules Carlier
Jules Carlier 1ère Conférence internationale du Travail, Washington DC, 1920

Cet organe devait être dirigé par Jules Carlier (qui était également le Président du Groupe des employeurs à l'OIT), avec Jules Lecocq comme secrétaire. Un groupe de travail composé des présidents de deux associations d'employeurs et de trois industriels a également été mis en place. L'Organisation internationale des employeurs industriels (OIEI) a été officiellement constituée lors d'une réunion du Conseil d'administration du Bureau international du Travail (BIT) le 22 mars 1920, avec une assemblée générale convoquée en octobre de la même année à Bruxelles.

« De quelle patience et de quelle énergie à la fois, un Président pourtant respecté, devait faire preuve pour maintenir en harmonie tant de conceptions et de tendances parfois discordantes ». C'est avec ces mots que Pierre Waline, l'un des dirigeants de l’organisation patronale française - l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) - a décrit les talents de négociateur et de visionnaire du premier Président de l'OIE, Jules Carlier, de 1920 à 1921.

Jules Carlier
Jules Carlier, (Belgique) premier Président et Président du Comité exécutif (1920-1929)

Pendant toute la période de l'entre-deux-guerres, les dirigeants de l'OIEI sont revenus à plusieurs reprises sur la question de savoir si l'organisation devait étendre son mandat au-delà du soutien à la CIT et, dans l'affirmative, dans quelle direction.

Réunion du Comité exécutif en 1926 à Prague
Réunion du Comité exécutif en 1926 à Prague

Cette réflexion s'appuyait sur les premières expériences avec l'OIT et ses instruments qui ont montré les limites de cet organisme international tripartite s'il cherchait à proclamer des aspirations de politique sociale trop détaillées sans tenir pleinement compte de la marge de manœuvre politique et économique dont disposaient les différents gouvernements pour les ratifier.

DES CITATIONS DU PASSÉ

« Les chefs des associations françaises comprennent toute l’utilité et toute la nécessité d’une entente patronale afin de ne pas aborder les réunions internationales du travail, ou autres, en ordre dispersé et sans s’être concertés à l’avance… »

Louis Guérin,Industriel français et membre du Groupe des employeurs à la première Conférence internationale du Travail.
Groupe des employeurs, 7ème session de la Conférence internationale du Travail, 1925
Groupe des employeurs, 7ème session de la Conférence internationale du Travail, 1925

Membres fondateurs de l’OIE

17 organisations d’employeurs de 16 pays ont été les membres fondateurs de l’OIE.

  • Comité central industriel de Belgique
  • Dansk Arbejdsgiverförening (Confédération des employeurs danois)
  • Confederación Patronal Española (Confédération patronale espagnole)
  • Arbetsgivarnas i Finland Centralförbund (Confédération patronale de Finlande)
  • Confédération générale de la production française
  • National Confederation of Employers’ Organizations of Great Britain (Confédération nationale des organisations d’employeurs de Grande-Bretagne)
  • Confederazione Generale dell’Industria Italiana (Confédération générale de l’industrie italienne)
  • Norsk Arbeidsgiverförening (Confédération des employeurs de Norvège)
  • Deux organisations des Pays-Bas : la Vereeniging van Nederlandsche Werkgevers (Association des employeurs néerlandais) et la Roomsch Katholiek Verbond van Werkgevers Vakvereenigingen (Union catholique des syndicats d’employeurs)
  • Svenska Arbetsgivareförening (Confédération des employeurs suédois)
  • Union centrale des Associations patronales suisses
  • Central Federation of the Mining Industry, Commerce and Finance of Poland (Fédération centrale de l’industrie minière, du commerce et des finances de Pologne)
  • Federation of Czechoslovak Industrialists (Fédération des industriels tchécoslovaques)
  • Chamber of Mines of Transvaal (Chambre des mines du Transvaal)
  • Unión Industrial Argentina (Union industrielle argentine)
  • Japan Cotton Spinners’ Association (Association japonaise des filateurs de coton)
Employers' Group First International Labour Conference
Un nouveau départ
Groupe des employeurs à la 16ème session de la Conférence internationale du Travail, 1932
Groupe des employeurs à la 16ème session de la Conférence internationale du Travail, 1932

Malgré les horreurs de la guerre, la diplomatie internationale en matière de politique sociale n'était pas morte, mais son centre de gravité s'était déplacé de l'autre côté de l'Atlantique, en Amérique du Nord. En 1941, la CIT a tenu sa dernière séance à Washington, à la Maison Blanche, où le président Roosevelt a exposé sa vision de l'ordre de l'après-guerre, en soulignant l'importance de la gouvernance sociale tripartite pour le maintien de la paix industrielle en tant que composante de structures de coopération plus larges.

En 1944, elle a été suivie par une autre session aux États-Unis où la CIT a adopté la Déclaration de Philadelphie qui élargissait le concept du tripartisme et mettait davantage l'accent sur les aspects sociaux plutôt qu'économiques dans l'élaboration des politiques. Les droits de l'homme étaient, dans l’ensemble, désormais également pris en compte. Le futur programme de travail était peut-être trop ambitieux aux yeux du Groupe des employeurs, mais le système tripartite avait été maintenu.

Groupe des employeurs, 25ème session de la Conférence internationale du Travail, 1939
Groupe des employeurs, 25ème session de la Conférence internationale du Travail, 1939

En 1928, l'OIEI comptait 25 membres, dont des organisations de presque tous les grands pays industrialisés. Une fois la guerre terminée, la Confédération des employeurs britanniques de l'époque a fait le premier pas pour revitaliser l'organisation en renouant contact avec les fédérations des 25 pays membres. Peu de temps après ce premier contact, l'OIEI a recommencé à planifier les prochaines CIT.