Les employeurs soutiennent le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales

L’Organisation internationale du Travail doit adopter une approche plus cohérente et stratégique des chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales, afin de mieux répondre aux besoins des gouvernements, des travailleurs et des employeurs. Le porte-parole employeur auprès de l'OIT, Mthunzi Mdwaba, présente les points de vue des employeurs en la matière.

Depuis le début du XXIe siècle, les chaînes d’approvisionnement mondiales, qui génèrent de la croissance économique et créent de l’emploi, sont à la base de l’économie à l'échelle planétaire. Des études révèlent qu’elles contribuent à la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, à la diminution des niveaux de pauvreté et à la promotion de l’entrepreneuriat. Elles encouragent et stimulent le développement des compétences, la productivité et la compétitivité – autant d’ingrédients essentiels à un accroissement de la participation des hommes et des femmes au marché du travail.

Malgré ces points positifs, il est avéré que dans certains cas tragiques, les normes du travail ne sont pas respectées dans les chaînes d’approvisionnement et la vie des travailleurs est menacée. La sécurité et la santé sur le lieu de travail relèvent de la responsabilité conjointe des employeurs, des gouvernements et des salariés. La consolidation des normes du travail dans les chaînes d’approvisionnement n’a toutefois pas grand-chose à voir avec le fait qu’un produit ou un service traverse la frontière, une situation à l’origine de "lacunes réglementaires" devant être comblées au niveau international.

Mais alors, où le bât blesse-t-il ? Le rapport de 2018 du Groupe de travail de l’ONU sur les entreprises et les droits de l’homme, présenté à l’Assemblée générale des Nations Unies, apporte une réponse plutôt complète à cette question : « L’absence de volonté politique pour combler les lacunes de la gouvernance demeure la principale difficulté. Le problème de fond est que les États hôtes ne s’acquittent pas de leur devoir de protéger les droits de l’homme, soit faute d’adopter une législation conforme aux normes internationales des droits de l’homme et du travail, soit en passant des lois incohérentes, ou encore en ne faisant pas respecter une législation qui protégerait les travailleurs et les milieux affectés. » D’après les auteurs de ce rapport, le problème ne réside donc pas dans des lacunes de gouvernance au niveau international, mais bien dans une mise en œuvre et une application insuffisantes des normes au niveau national.

Ce constat fait écho au rapport de l’année dernière sur le travail des enfants et le travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, rédigé par l’Alliance 8.7, un partenariat mondial dont l’objectif est de concrétiser l’objectif 8.7 du Programme 2030. Selon ce rapport, la vaste majorité des cas de travail des enfants et de travail forcé n’ont aucun lien avec les chaînes d’approvisionnement mondiales et constituent des problèmes purement nationaux. En Afrique du Nord, par exemple, 91 % du travail des enfants ne concerne que le marché national. Il serait dès lors très risqué de concentrer la majeure partie des efforts sur les déficits de travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, et par là même de négliger les problèmes inhérents aux chaînes d’approvisionnement nationales. Par ailleurs, la prise en charge des causes profondes des déficits de travail décent profite tant aux travailleurs dont les entreprises évoluent uniquement sur les marchés nationaux qu’à ceux d’entreprises tournées vers l’exportation.                            

De nombreux problèmes rencontrés dans les chaînes d’approvisionnement sont de nature systémique, tels que le travail des enfants et le travail forcé, la discrimination et le non-respect des normes de sécurité du travail. Il s’agit là de problèmes que les entreprises ne peuvent résoudre à elles seules. En outre, le jeu des reproches ne fera que retarder la prise de mesures. Ce qu’il faut, c’est une collaboration constructive entre les travailleurs, les employeurs et les gouvernements. L’occasion de mettre en place une telle collaboration se présentera à la Réunion technique de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la réalisation du travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Nous sommes prêts à coopérer avec nos Constituants partenaires pour trouver des solutions concrètes et durables aux défis liés au travail décent, tant dans les chaînes d’approvisionnement nationales que mondiales.

 

Les employeurs réclament une meilleure gouvernance

Les entreprises doivent respecter la loi, les droits de l’homme et les droits du travail, et elles devraient user de leur influence pour encourager leurs partenaires commerciaux à faire de même, notamment au travers de codes de conduite et d’initiatives de renforcement des capacités.

Mais les entreprises ne peuvent se charger de faire appliquer la loi. Les employeurs réclament depuis longtemps un plus grand soutien aux gouvernements nationaux pour l’application des normes internationales du travail auxquelles ils ont souscrits et des lois nationales en vigueur.

Pour les employeurs, il convient d’en faire davantage pour remédier aux facteurs à l’origine des déficits de travail décent dans les pays confrontés à des problèmes de gouvernance et de développement, tels que la pauvreté, l’informalité et la corruption.

Le renforcement des capacités des gouvernements face aux problèmes de non-respect des normes nationales du travail contribuera grandement à une meilleure protection de l’ensemble des travailleurs dans les chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales. Si l’accent n’est mis que sur les travailleurs des chaînes d’approvisionnement mondiales, alors cette protection ne couvrira que 10 à 15 % des travailleurs. Les pays qui font régner le droit dans les chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales confirment qu’une meilleure mise en œuvre des normes du travail ne nécessite pas une législation spécifique aux chaînes d’approvisionnement.

Les employeurs sont d’avis que l’OIT pourrait jouer un rôle de chef de file dans les efforts déployés pour mettre en place des conditions propices au travail décent dans les chaînes d’approvisionnement et remédier aux lacunes en élaborant une stratégie globale et un plan d’action, qu’elle pourrait renforcer la coordination au sein de l’institution, et élargir des programmes fructueux déjà en place pour y intégrer les questions liées aux chaînes d’approvisionnement. 

Les employeurs sont impatients de participer cette semaine, à la réunion de l’OIT sur la réalisation du travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. L’OIE et ses 159 organisations membres dans 150 pays sont résolument déterminées à faire de cette réunion une réussite et, plus important encore, à trouver des solutions durables aux déficits de travail décent dans les chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales.

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